dimanche 25 novembre 2012

Lettre ouverte au Directeur de l'ANSM

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A Monsieur le Professeur Dominique Maraninchi
Directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
ANSM - 143/147, bd Anatole France - 93285 Saint Denis cedex

[Lettre expédiée le 25/11 ; version publiée en ligne le 25/11/12.]

Objet : les décisions récentes de la commission de l'AMM concernant le Desernil et leurs conséquences


Monsieur le Professeur,


C'est en tant que simple patient que je me permets de solliciter respectueusement votre attention, à la suite des décisions qui ont conduit le 2 février de cette année à un rapport bénéfice/risque défavorable du Méthysergide (Desernil), puis à son déremboursement à compter du 15 octobre.

Le Desernil est indisponible depuis plusieurs mois au laboratoire qui le produit et ne se trouve plus non plus chez aucun grossiste. Les décisions récentes font planer la menace de sa disparition définitive. En effet, ce médicament rapporte très peu au laboratoire [1], ne concerne que très peu de patients ; les prescriptions vont décroître à la suite des décisions, réduisant encore l'intérêt économique du producteur.

Je suis un patient parmi les quelques centaines [2] qui en France utilisent le Desernil. Lorsque j'aurai épuisé les dernières boîtes qui me restent, j'ignore dans quelle situation je me trouverai. Migraineux depuis l'enfance, j'ai été soumis depuis près d'une vingtaine d'années à de multiples traitements de fond de la migraine [3]. Ces traitements n'ont pu empêcher une progressive aggravation de la fréquence des crises migraineuses, qui, en 2010, se succédaient à un rythme de deux à trois par semaine.

Le Desernil était dans mon cas le médicament de la dernière chance et m'a été présenté comme tel par ma neurologue, avec ses inconvénients (pauses thérapeutiques, incompatibilité avec les Triptans) et ses risques (fibrose rétropéritonéale, valvulopathies). Immédiatement efficace pour moi, il m'a permis, depuis deux ans, de vivre à nouveau une vie très acceptable, en faisant disparaître les crises violentes hors des périodes de pause thérapeutique, et en limitant considérablement les autres phénomènes migraineux [4].

Pour tenter de comprendre les décisions de l'ANSM, qui m'ont atterré, j'ai lu avec attention les verbatims des séances de la commission de l'AMM des 15 décembre et 2 février [5], au cours desquelles le sort d'un médicament dont vous comprendrez qu'il m'importe beaucoup a été scellé. Me pardonnerez-vous d'oser vous présenter mes conclusions sur les raisonnements qui ont été tenus ?

Les voici.

1- La commission reproche au Desernil de ne pas s'appuyer sur des preuves selon les critères actuels, c'est sûrement exact, et ce n'est pas étonnant pour un médicament de près de 50 ans, et de peu d'intérêt économique pour les laboratoires.

La commission, avant de condamner le Desernil et de priver de traitement plusieurs centaines de patients, ne devrait-elle pas s'appuyer à son tour sur des preuves et des raisons solides ? Si des études sont à faire, pourquoi ne pas les lancer, au lieu de vouer à un abandon probable un produit dont des consensus d'experts reconnaissent l'utilité ? Je me doute que les financements manquent pour ces études. Mais, sans parler des dégâts individuels (souffrance, problèmes professionnels et relationnels, conséquences médicales latérales...), quelle est l'évaluation du coût pour la collectivité (arrêts maladie, etc.), de plusieurs centaines de migraineux en impasse thérapeutique ? Ce coût n'est pas évoqué.

2- Où est l'évaluation, d'un point de vue médical, des conséquences indésirables des traitements auxquels ces malades se raccrocheront en l'absence de Desernil ? Elle n'est pas faite.

3- La préoccupation du risque occupe la discussion. Mais où est la discussion concernant les bénéfices ? Elle n'a pas vraiment eu lieu.

4- Je ne conteste nullement qu'il y ait un danger sérieux à utiliser le Desernil : on me le dit, et je le crois. C'est un risque, qui est à confronter à la réalité d'une maladie actuelle et sérieuse, et à la réalité du soulagement qu'apporte à certains (dont je suis) le seul Desernil. Quelle alternative la commission leur propose-t-elle ? Réellement aucune, puisque ces patients ont essayé, en principe, les autres traitements moins risqués.

5- La commission se préoccupe à juste titre du danger potentiel lié à l'usage du Desernil. Elle semble minorer gravement le handicap réel lié à la migraine sévère, comme si les seules maladies sérieuses étaient les maladies organiques. Cela la conduit à minorer le bénéfice du Desernil dans le rapport bénéfice/risque finalement établi.

6- Que vaut enfin, en l'occurrence, le principe de précaution, qui est invoqué dans les débats et qui motive la décision ? En quoi est-ce une précaution éthiquement acceptable de condamner à la misère migraineuse des centaines de personnes en échec thérapeutique avec les autres médicaments ?


Monsieur le Professeur, en rendant ses décisions de février et de septembre, la Commission a voulu éviter un risque à la collectivité, je le comprends bien. Je ne m'en prends ni à sa compétence, dont je me doute qu'elle est très grande, ni naturellement à ses intentions. Néanmoins, je l'accuse de condamner sans raisons suffisantes les malades qui ne sont apparemment réceptifs qu'à cette molécule à mener une vie lamentable qui pouvait leur être évitée.

Cela, je ne puis vraiment pas le comprendre.

Je demande donc que l'ANSM revoie ses conclusions concernant le Desernil.

J'ai osé lire et interpréter ces verbatims bien que je ne sois pas médecin. Si j'ai fait des erreurs en les lisant, je vous prie de ne pas les attribuer à la malveillance et de ne pas y voir d'arrogance. Les circonstances dans lesquelles je me trouve suffisent, je crois, à justifier cette tentative d'un profane pour comprendre vos travaux.

Me permettrez-vous pour finir d'ajouter que, bien que j'écrive en mon seul nom, j'imagine exprimer le sentiment d'autres patients qui se trouvent dans la même situation que moi ?

Je vous prie de croire, Monsieur le Professeur, à l'assurance de mes sentiments respectueux.


Copie :
  • Monsieur le Professeur André-Laurent Parodi, Président de l'Académie nationale de médecine. 16, rue Bonaparte, 75006 PARIS
  • Dr Anne Donnet. Présidente de la Société française d'études des migraines et céphalées. CHU Hôpital de Cimiez, Pavillon Mossa – Département Douleur. 4, avenue Reine Victoria. 06000 Nice
  • Le Quotidien du médecin - 1 rue Augustine Variot, 92245 MALAKOFF CEDEX
  • Revue Prescrire. 83 bd Voltaire - 75558 Paris Cedex 11 – France.
  • Revue Que choisir Santé. 233, boulevard Voltaire - 75011 Paris
  • En outre, ce courrier sera publié en ligne sur le blog : http://methysergide.blogspot.com

Annexe :
Analyse des verbatims des commissions d'AMM des 15 décembre 2011 et 2 février 2012 consacrées au Desernil


  1. Un médicament considéré comme nécessaire et efficace par les experts neurologues

Au début des deux séances, il est rappelé d'abord que « malgré l’ancienneté des données, le groupe de travail a considéré que l’efficacité du méthysergide était démontrée contre placebo et produit comparateur. Les experts estiment que le produit est [...] efficace contre une migraine très fréquente, sévère et chez les patients ne répondant pas aux autres traitements de fond. » (15 décembre.) « Malgré l’ancienneté des données disponibles, l’efficacité du méthysergide est bien démontrée. Selon les cliniciens, c’est un médicament qui reste efficace en cas de crise très fréquente de crises de migraines sévères chez des patients qui n’ont pas répondu à d’autres traitements. » (2 février.)

Ce point est fondamental. Ce médicament s'adresse à des patients sévèrement atteints, ayant déjà tout essayé.

Or ce point essentiel, soutenu par les experts consultés, semble s'estomper dans la discussion, qui porte presque uniquement sur les risques d'effets graves du médicament, leur réversibilité, etc., sans les comparer à la gravité de la pathologie qui est soignée. Médicament de niche, le Desernil s'adresse à des migraineux sérieusement handicapés par leur maladie.

Cela étant, le risque potentiel du médicament n'aurait-il pas dû être comparé à la sévérité réelle de la pathologie qu'il soigne ?
  1. L'absence du Desernil mettrait des patients dans une impasse thérapeutique

Une question, posée par le Pr. Bergmann, aurait mérité une réponse très claire :

« Est-ce que vraiment si l’on n’avait pas ce produit sur le marché [français], on mettrait [des migraineux] dans une impasse thérapeutique insoluble ? » Le Pr. Bergammn ironise sur le fait que le médicament n'est disponible que dans six pays : « Les migraineux anglais, italiens, espagnols, et les migraineux américains vivent sans ce produit. On se demande comment ils font ? »

L'argument me paraît très faible, et la question semblait pourtant assez sérieuse pour qu'on s'y arrête sans sourire : oui, au fait, comment font-ils ? Combien de migraineux sévères sont en échec thérapeutique dans les pays qui n'ont pas le Desernil ? Combien de vies gâchées faute de cette molécule ?

Sans Desernil, y a-t-il des impasses thérapeutiques qui pourraient être évitées, oui ou non ? Les experts consultés ont dit que oui.

Mais leur point de vue est oublié. Plus précisément, l'exactitude des prescriptions des spécialistes et le bien-fondé de leur position sont minorés et contestés, sur de simples présomptions.

    M. Bergmann : « Donc, la vraie question est : est-ce que ces quelques centaines de malades français traités à ce traitement-là ont vraiment fait les essais loyaux des autres alternatives de traitement de fond ? »
Mais une question n'est pas une réponse. Elle ne démontre rien. Les spécialistes consultés en amont, s'appuyant sur leur expérience clinique, répondaient que oui, des essais « loyaux » ont été faits.

M. Lièvre : « Garder un produit pour lequel on a une notion extrêmement mince d’efficacité et en plus, c’est une seconde ligne... On n’a aucune supériorité par rapport à d’autres produits. On n’a aucun essai qui a été réalisé chez des patients en échec de la première ligne. Je pense que c’est la moindre des choses, quand on est en seconde ligne, d’avoir la preuve de l’efficacité chez le patient qui ne répond pas à la première ligne. »

N'est-ce pas la moindre des choses, quand il y a une sérieuse présomption d'efficacité au dire des spécialistes – contrairement à ce qu'affirme M. Lièvre – , de conserver un médicament sans remplaçant, et précisément parce que c'est, non pas « en seconde ligne » qu'il sert en pratique, mais au terme de multiples tentatives inefficaces et en dernière ligne ?

Sauf erreur de ma part, aucun migrainologue susceptible d'apporter la contradiction n'était présent lors de la commission. Aurait-il été déplacé d'en inviter un ?
  1. L'absence du Desernil pourrait exposer les patients à un risque pharmacologique plus grave

A quel risque pharmacologique les patients susceptibles d'être soignés par le seul Desernil seront-ils exposés si ce médicament disparaît ? La question n'est abordée qu'une seule fois le 15 décembre, par un neurologue :

« Serge BAKCHINE: La différence avec d’autres produits similaires est que l’attention des prescripteurs était bien attirée sur les risques de celui-ci. Nous savons depuis longtemps qu’il est risqué et doit être utilisé avec parcimonie : c’est dans ce cadre que des neurologues spécialistes de la migraine continuent à le prescrire pour des patients qui sinon n’auraient pas d’autre alternative que des produits beaucoup plus dangereux, comme des morphiniques. Certains patients résistent à toutes les autres thérapeutiques et souffrent de crises de migraines sévères et fréquentes.
Cette utilisation en troisième ligne a été validée par consensus d’experts. Il n’y aura pas d’étude nouvelle sur ce produit, mais il existe un accord pour dire que sur cette niche ce produit peut être utilisé avec tous les éléments d’information, de restriction, et de protection proposés. »

Il n'est plus jamais question de l'argument pourtant capital que je souligne : en l'absence du Desernil, le risque pharmacologique couru par les patients en échec pourrait se trouver considérablement aggravé.

Si ce point est exact, comment comprendre la conclusion d'un rapport bénéfice/risque défavorable ?
  1. Une évaluation du risque de fibrose rétropéritonéale imprécise

Le risque de fibrose rétropéritonéale est-il précisément évalué ? On n'en a pas le sentiment à lire le verbatim. Au moins deux membres de la commission semblent perplexes :

« M. BAUMELOU : Je suis très étonné de vous dire qu’en termes de sclérose rétropéritonéale ayant un retentissement sur la voie excrétrice et se caractérisant par une diminution modérée du débit de filtration glomérulaire, c’est une pathologie, mais vraiment très rare. Je n’ai pas vu, au cours des vingt dernières années, une fibrose rétropéritonéale au méthysergide [à la Pitié-Salpêtrière]. […] Je ne sais pas ce que vous avez retiré de votre interrogatoire des urologues. Je me trompe peut-être.

Évaluateur de l’Afssaps : C’est la même chose. Ils m’ont dit qu’ils n’en voyaient plus du tout… - ils en avaient vu dans le passé - des fibroses rétropéritonéales liées au méthysergide […] »

Je ne me permettrais pas de suggérer que ce risque n'existe pas (je suis convaincu du contraire) ni de l'évaluer. Je souligne seulement que, dans cette discussion, les faits précis qui sont évoqués et qui appuient la décision semblent maigres et incertains.
  1. La fibrose péritonéale peut-elle être aperçue assez tôt pour qu'elle puisse être réversible ? Cette fibrose peut-elle être réversible ? Fragilité des éléments avancés

« Évaluateur de l’Afssaps : La question de savoir si c’est réversible est une question difficile. Il y a eu certains patients (d’ailleurs c’est noté dans le RCP) pour lesquels il y a eu apparemment une réversion de la fibrose, mais c’était probablement à un stade très précoce. Sur un dépistage vraiment précoce de la fibrose,ce sera le scanner. Je ne pense pas que l’on puisse demander de faire un scanner… »

Pourquoi donc ne peut-on pas demander de faire un scanner ? Pour des questions de coût je suppose. Mais a-t-on comparé le coût d'un scanner périodique systématique avec le coût social d'une migraine très handicapante?

[Suit une intervention très nuancée de M. BAUMELOU, à propos de l'évolution et du traitement des fibroses idiopathiques ; il conclut :] « Je ne sais pas comment ça se passerait dans une fibrose au Desernil. » (2 février.)

Ces deux interventions me semblent montrer que la décision, sur ce point encore, va s'appuyer sur des données très fragiles.
  1. Sur combien de cas de fibroses rétropéritonéales se fonde la décision ?

D'une part, la littérature passée rapporte de nombreuses observations de fibroses rétropéritonéales.

D'autre part, la commission se fonde sur une enquête qui peut paraître fragile :

« Evaluateur de l’Afssaps: En ce qui concerne la pharmacovigilance, l’enquête officielle sur le risque de fibrose et de valvulopathie a été menée par le CRPV de Grenoble. 11 cas de fibrose rétropéritonéale ont été retrouvés, dans 2 cas d’insuffisance rénale [sic] étaient associés à une fibrose rétropéritonéale.[...] La fenêtre thérapeutique recommandée dans le RCP n’a été respectée que dans trois cas de fibrose. »

Donc 11 cas sont analysés dans cette enquête, et sur ces 11 cas, 8 correspondent à une mauvaise utilisation du médicament.

La décision s'appuie donc sur une enquête qui rapporte en tout et pour tout 3 cas avérés dans une utilisation normale du médicament.

Dans la même longue durée qui correspond au recueil de ces onze cas, combien de patients ont été soulagés par le médicament condamné ? On l'ignore bien sûr. Il semble qu'en définitive cela n'importe guère à la commission.

Il faut éviter le risque. Mais le bénéfice, où, quand est-il vraiment analysé dans ces discussions ? Jamais.
  1. L'apparition de la fibrose rétropéritonéale dépend-elle de la durée d'administration du Desernil ?

La discussion me semble très confuse sur ce point qui n'est pas sans importance pour la décision finale. Les données disponibles semblent surtout très insuffisantes :

« Évaluateur de l’Afssaps : C’est pour apporter une précision par rapport à la durée d’apparition de la fibrose rétropéritonéale, par rapport à l’initiation du traitement dans le rapport qu’avait fait M. MALLARET. Il avait souligné que dans tous les cas, c’était des durées qui étaient supérieures à six mois de traitement. Si l’on détaille le nombre de cas, c’était : 16 mois, 6 mois, 36 mois, 24 mois, 24 mois, 36 mois, 8 mois, 240 mois, 48 mois, 48 mois, 24 mois, un cas non renseigné et 120 mois. Donc, des durées de traitement qui sont très importantes, et ce qu’avait souligné M. MALLARET, c’était le fait que dans trois cas, il y avait une fenêtre thérapeutique qui avait été respectée mais qui n’avait pas été suffisante pour protéger les patients.
    M. BERGMANN : C’est donc bien durée-dépendant, et proposer un traitement court pour un traitement de fond, c’est voué à l’échec parce que, soit ça sera effectivement suivi sur des traitements courts et à ce moment-là ce n’est pas efficace dans l’histoire de la vie d’un migraineux de lui enlever sa migraine pendant six mois, un an et après à revenir à la case départ ; ce n’est pas utile, soit ce ne sera pas suivi, à ce moment-là, ça devient dangereux. »
La conclusion de M. Bergmann, qui semble l'emporter réthoriquement, se fonde sur l'analyse des 11 cas de l'étude, dont, rappelons-le, 8 correspondent à de mauvaises utilisations du médicament (= sans pause thérapeutique).

Son raisonnement repose donc en tout et pour tout sur 3 cas d'utilisation normale du médicament ayant conduit à une fibrose rétropéritonéale, pour lesquels la durée du traitement ne semble pas connue et en tout cas n'est pas évoquée. Autant dire que, du point de vue de la pure logique, il ne pèse pas lourd.

Notons au passage la phrase :

« et à ce moment-là ça devient dangereux »,

qui montre très bien que M. Bergmann ne considère pas la migraine sévère elle-même comme une maladie sérieuse.

Quel est la définition du « danger » qui est mise en œuvre par la commission ? Faut-il qu'on puisse en trouver les traces à l'autopsie ? Une vie gâchée n'est-elle pas un « danger » à ses yeux ? Faut-il qu'il y ait une atteinte organique pour qu'une maladie soit considérée comme sérieuse par la commission ? Les migraineux apprécieront...
  1. Concernant les malades actuellement traités

    « M. CARON : Actuellement, on estime que le nombre de patients traités (estimation bien sûr inexacte certainement) se résume à quelques milliers de patients. On nous a parlé de 1900 à 2 000 patients qui pourraient être traités avec le Desernil. Ce sont des traitements au long cours et je reste donc persuadé que ce sont des patients qui sont tout à fait tolérants au Desernil et qui n’ont jamais développé de problème de fibrose avec ces produits. »

    Si je comprends bien l'hypothèse, ces deux mille patients traités au long cours et résistants sont aujourd'hui privés d'un médicament qui leur assurait une vie de qualité avec un risque faible.
     

[1] Coût d'une boîte : 5,37€, soit un traitement mensuel aux alentours de 15 à 25€ par mois selon la dose.

[2] « C’est un médicament, actuellement, qui est utilisé en France dans une niche. Il y a moins [sic] 2000 patients traités en 2010. » (Commission d’AMM du 2 février 2012, verbatim).

[3] Notamment depuis plus de 15 ans grâce aux soins de neurologues spécialisés (à l'Hôpital Louis-Mourier de Colombes, à la Salpêtrière, et actuellement avec une neurologue qui participe à vos activités en tant qu'experte sur ce sujet.)

[4] S'il est utile d'illustrer par un autre exemple quels sont les conséquences de la migraine et quel peut être le bénéfice du Desernil, voici un témoignage trouvé sur Internet : « Après 26 ans de migraines très invalidante (2 à 3 par semaine) de multiples essais thérapeutiques, avec pour conséquence une vie sociale presque inexistante, je revis grâce au Desernil. Non seulement plus de crises ou presque, aucun effet secondaire, ma vie a changé, je sors au restaurant, je vais au cinéma, nous recevons des amis, rien de plus qu'une vie normale et tout ceci sans crainte de la crise qui va me terrasser de douleur. Je suis une autre personne depuis que je prends ce traitement et toute la famille se porte mieux. J'espère pouvoir continuer ce médicament miracle en ce qui me concerne. » http://www.meamedica.fr/migraine/desernil.aspx

« La migraine est une maladie handicapante, en raison de la fréquence des crises (2 ou plus par mois chez 42 à 50 % des patients), de leur durée (> 24 heures chez 39 % des patients), de leur intensité (sévère ou très sévère chez 48 à 74 % des patients), des signes d’accompagnement digestifs et du retentissement sur la vie quotidienne, professionnelle, sociale et familiale. » http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/migraine_recos.pdf On pourrait ajouter au moins les risques d'abus médicamenteux et les patholgies associées (notamment la dépression et l'anxiété.)

mercredi 21 novembre 2012

Liens utiles

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Cette page sera mise à jour à mesure.

Documents

Articles

Commission d'AMM et HAS

European Medicines agency

Organisations consacrées à la migraine

Recommandations

  • PRISE EN CHARGE DIAGNOSTIQUE ET THERAPEUTIQUE DE LA MIGRAINE CHEZ L’ADULTE ET CHEZ L’ENFANT : ASPECTS CLINIQUES ET ECONOMIQUES :  RECOMMANDATIONS. Octobre 2002. ANAES

Laboratoire

  • Centre Spécialités Pharmaceutiques. Lettre d'information destinée aux médecins prescripteurs (médecins généralistes et neurologues). 21 septembre 2012 

Posts destinés à faire connaître ce blog


Avertissement

Mise en garde

Ce blog ne vise en aucun cas à faire la promotion du Desernil.

Ce traitement de fond de la migraine n'est utilisé que dans des cas bien précis de migraines résistantes aux autres traitements, et chez des migraineux sévèrement atteints.

Il s'agit d'un médicament qui comporte des risques sérieux (fibroses rétropéritonéales, valvulopathies), et dont l'usage, contraignant (pause thérapeutique indispensable d'un mois tous les six mois, échographies cardiaques) doit être prescrit et encadré par des spécialistes qui le connaissent bien.

mardi 20 novembre 2012

Argumentation en trois points principaux

Argumentation en trois points principaux contre la position de l'ANSM


Pour faire connaître ce blog, je diffuse l'argumentation résumée suivante sur des forums et ailleurs.

L'ANSM considère que le Desernil est trop dangereux pour les services "modérés" qu'il rend, alors qu'il existe d'autres traitements. Mais:
  1. quelques migraineux sont très bien placés pour savoir qu'il n'est pas vrai qu'il existe des traitements de substitution efficaces pour leur cas; c'est également ce que les spécialistes de la migraine consultés par la commission lui ont dit. Pourquoi ne tient-elle pas compte de l'avis des spécialistes, ni du nôtre?
  2. la commission d'AMM a entendu l'un de ses membres dire en séance: "Nous savons depuis longtemps que le Desernil est risqué et doit être utilisé avec parcimonie : c’est dans ce cadre que des neurologues spécialistes de la migraine continue à le prescrire pour des patients qui sinon n’auraient pas d’autres alternative que des produits beaucoup plus dangereux, comme des morphiniques." Le risque médicamenteux couru par les patients privés de Desernil n'est jamais évoqué à nouveau lors des séances. Comment une commission chargée de la sécurité du médicament en France peut-elle le justifier?
  3. la commission semble méconnaître les effets de la migraine sévère sur la vie des migraineux. Il suffit de parcourir les forums, pourtant, pour savoir ce que la migraine peut coûter. Considérer un médicament seul efficace dans certains cas sévères comme rendant un service médical "modéré", c'est se moquer du monde. Dans certains cas sévères de migraines, courir un risque du fait d'un médicament se justifie malheureusement tout à fait.



lundi 19 novembre 2012

Approvisionnement en Desernil: un échange de mails encourageant avec le laboratoire CSP

J'ai demandé des informations au laboratoire hier:

    -----Message d'origine-----
 De : cspwebmaster@cspsite.com [mailto:cspwebmaster@cspsite.com]
 Envoyé : dimanche 18 novembre 2012 22:15
 À : ...
 Objet : Email Automatique formulaire contact : Demande de renseignement
 Migraineux dépendant du Desernil, je ne trouve plus ce médicament en pharmacie. Je vous prie de m'informer sur la disponibilité, que j'espère prochaine, de ce médicament qui m'est indispensable. Je vous informe par ailleurs que je vais tenter de créer un regroupement de patients qui sont dans la même situation que moi: voir http://methysergide.blogspot.fr/ pour plus de détails.
 Cordialement, 

Je reçois aujourd'hui une réponse courtoise et intéressante:

 Message du 19/11/12 10:43
 De : "..."
  A : "..."
  Copie à : "..." , "..."
  Objet : RE: Email Automatique formulaire contact : Demande de renseignement

 Monsieur,
 En notre qualité d'Exploitant d'AMM pour la spécialité DESERNIL 1,65 mg, comprimé, nous faisons suite à votre demande relative à sa commercialisation.

Nous vous confirmons que nous rencontrons des difficultés d'approvisionnement pour cette spécialité qui ne nous permettent pas de connaitre encore à ce jour une date précise de remise à disposition normale du produit (ces difficultés étant consécutives au transfert du site de production).

Dans ce contexte, nous vous conseillons de vous rapprocher de votre médecin traitant afin d'envisager avec lui les alternatives thérapeutiques possibles.

Tout à fait conscients des désagréments que cette indisponibilité peut engendrer, nous vous confirmons la volonté du Titulaire d'AMM (Amdipharm) de remettre à disposition cette spécialité dans les meilleurs délais.

Nous vous prions, d'agréer, Monsieur, l'expression de notre considération distinguée.
[....]

CSP

[C'est moi qui souligne.]

J'ai répondu à mon tour:

de     "....
à     "...@csp-epl.com>
cc     "...@csp-epl.com> ;  "...@csp-epl.com>
date     19/11/12 13:16
objet     RE: Email Automatique formulaire contact : Demande de renseignement

Monsieur,

Je vous remercie vivement pour cette réponse rapide et encourageante.

Les décisions récentes de l'ANSM ont vivement inquiété les malades qui dépendent de la spécialité que vous produisez. L'assurance d'une remise en production que vous donnez malgré ces décisions leur permettrait d'envisager l'avenir proche d'un coeur plus léger. Ceux dont la migraine ne répond qu'au Desernil, dont je suis, se trouvent pour le moment dans une situation pénible. A priori, ceux qui ont une alternative thérapeutique supportable n'utilisent pas le Desernil (du moins si leur médecin suit les recommandations en la matière.)

Ne pensez-vous pas qu'il serait bon de publier cette assurance? On peut supporter quelques semaines de migraine si on sait que cela aura un terme prévisible, mais l'incertitude (qui dure maintenant depuis plusieurs mois) est très difficile à supporter en tant que telle.

Avec mes meilleures salutations,

Lien utile:

Centre Spécialités Pharmaceutiques. Lettre d'information destinée aux médecins prescripteurs (médecins généralistes et neurologues). 21 septembre 2012

dimanche 18 novembre 2012

Agissons pour rétablir l'approvisionnement en Desernil

Agissons pour rétablir l'approvisionnement en Desernil

Depuis plusieurs mois, le Méthysergide (Desernil), médicament de fond utilisé dans le traitement de migraines sévères, est indisponible en pharmacie.


Cette indisponibilité place dans une situation très difficile des malades sévèrement atteints par la migraine, qui ont auparavant tout essayé pour la traiter, et que le Desernil soulageait à l'exclusion de tout autre médicament.

Je suis l'un de ces malades. Je n'accepte pas d'être privé d'un médicament qui m'est indispensable pour mener une vie normale.

Combien sommes-nous? Peut-être 2000 en France. C'est peu, ce n'est pas rien.

Objectifs de ce blog

Je m'adresse:
  • aux autres migraineux dont la vie quotidienne est compromise par l'absence du Desernil
  • aux professionnels de santé, et en particulier aux neurologues spécialistes de la migraine
  • éventuellement aux associations de consommateurs qui considèreraient qu'une action est légitime
Je propose à ceux qui se sentent concernés:
  •  d'agir en commun par tous les moyens raisonnables pour rétablir un approvisionnement normal en Desernil
  • d'échanger toutes les informations qui pourraient être utiles dans ce but
Contactez-moi à l'adresse : usagermethysergide@gmail.com

Qu'est-ce qui menace le Desernil?

Deux facteurs se combinent :
  • pour une raison à éclaircir, le Desernil est manquant au laboratoire qui le produit. Il ne semble plus être disponible chez aucun grossiste.
  • le Desernil a fait l'objet d'une réévaluation de la part de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Le 2 février 2012, elle a conclu à un "rapport bénéfice/risque négatif" du médicament. En conséquence, le Desernil est "déremboursé" à compter du 15 octobre 2012.

Que faire?

  • obtenir des informations précises du laboratoire sur ses intentions
  • intervenir auprès de l'ANSM pour faire valoir notre point de vue sur le "rapport bénéfice/risque" du Desernil
  • faire connaître le problème d'impasse thérapeutique créé par l'absence du Desernil, en particulier auprès des professionnels de la santé

Argumentaire à l'intention de l'ANSM

J'ai rédigé un argumentaire, basé sur la lecture du "verbatim" (transcription des débats) des commissions d'AMM (autorisation de mise sur le marché), où je discute les raisonnements qui ont été échangés. Je vais le faire parvenir à l'ANSM et je le publierai sur ce blog [Précision du 25/11: c'est chose faite depuis hier : voyez ici].

Plusieurs points essentiels sont à mon avis à souligner:
    • sans justifications médicales suffisantes, la commission d'AMM a tranché à l'encontre des recommandations formulées par les spécialistes de la migraine qu'elle avait consultés. Ces spécialistes considèrent que "malgré l’ancienneté des données, le groupe de travail a considéré que l’efficacité du méthysergide était démontrée contre placebo et produit comparateur. Les experts estiment que le produit est [...] efficace contre une migraine très fréquente, sévère et chez les patients ne répondant pas aux autres traitements de fond" (verbatim, 15 décembre)
    • elle minore gravement le préjudice que l'absence du Desernil représente pour certains migraineux qui, sans lui, se retrouvent en "impasse thérapeutique" (= ils ne sont soulagés par aucun autre traitement).
    • elle ne tient pas compte du fait que ces migraineux, sans le Desernil, peuvent courir un risque pharmacologique accru, et cela bien que ce risque ait été évoqué au cours de la première séance (le Desernil est prescrit à des patients "qui sinon n’auraient pas d’autre alternative que des produits beaucoup plus dangereux, comme des morphiniques". Séance du 15 décembre 2011, p. 17)
    • il est reproché au Desernil que "les données d’efficacité réunies sur cette spécialité se sont montrées insuffisantes au regard des standards d’évaluation". C'est sans doute vrai. Mais il ne paraît pas évident que l'argumentation de la commission soit davantage appuyée sur des arguments très solides: notamment données fragiles sur la fréquence des effets indésirables redoutés, données fragiles sur la réversibilité de ces effets indésirables... D'autre part, pour nous qui n'avons pas d'alternative thérapeutique et pour qui le Desernil se montre efficace, il n'est pas essentiel que les preuves scientifiques soient toutes réunies: ce qui nous importe, c'est de pouvoir mener une vie normale. Un certain niveau de risque est tolérable lorsqu'il s'agit de contrarier une maladie sérieusement handicapante.
    • enfin, de mon point de vue de malade, la commission se trompe gravement sur le rapport bénéfice/risque du Desernil. L'avis défavorable au maintien du remboursement affirme que: "dans la mesure où des alternatives thérapeutiques, notamment les bêtabloquants (propranolol, métoprolol), ayant fait une meilleure démonstration de leur efficacité, sont disponibles, l’intérêt clinique des dérivés ergotés dans le traitement de fond de la migraine est devenu insuffisant pour justifier leur remboursement." Chers migraineux qui me lisez, si vous utilisez le Dessernil, c'est probablement parce que vous avez déjà essayé ces "alternatives thérapeutiques" et qu'elles n'ont pas marché pour vous. Il est dans nos cas tout simplement faux de dire que le bénéfice du Desernil est "modéré". Le Desernil, pour quelques-uns, est malheureusement le médicament de la dernière chance, sans alternative thérapeutique, et le seul qui leur assure une existence supportable. C'est à ce titre qu'ils peuvent accepter, certes pas de gaieté de cœur, les risques et les contraintes associés à ce médicament. Mais dans ces circonstances précises, le rapport bénéfice/risque est certainement positif.

Mise en garde

Ce blog ne vise en aucun cas à faire la promotion du Desernil.

Ce traitement de fond de la migraine n'est utilisé que dans des cas bien précis de migraines résistantes aux autres traitements, et chez des migraineux sévèrement atteints.

Il s'agit d'un médicament qui comporte des risques sérieux (fibroses rétropéritonéales, valvulopathies), et dont l'usage, contraignant (pause thérapeutique indispensable d'un mois tous les six mois, échographies cardiaques) doit être prescrit et encadré par des spécialistes qui le connaissent bien.

 Liens utiles

Commission d'AMM, verbatim du 15 décembre 2011
Commission d'AMM, verbatim du 2 février 2012
Déremboursement du Desernil (avis de la commission de transparence de l'HAS, mai 2012)
L'antimigraineux Desernil est un outil important : Dr Michel Dib